Épisode #513: Glace et Zététique

Panel de discussion autour de l’article du Monde Diplomatique « La zététique, sur une fine couche de glace ».

Avec: Richard Monvoisin, Serge Bret-Morel, Jérémy Royaux et Jean-Michel Abrassart.

Le site de Richard Monvoisin: https://www.monvoisin.xyz/

Le site de Serge Bret-Morel: https://astroscept.com/

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2 réponses
  1. DAR
    DAR dit :

    Si ce podcast de Scepticisme scientifique consacré à « La zététique sur une fine couche de glace », article publié dans Le Monde diplomatique, est intéressant et agréable à écouter (merci aux 4 intervenants pour cela), certains problèmes de fond que soulève ce texte n’y sont cependant pas discutés (je précise que Richard Monvoisin m’est toujours apparu comme un chic type très sympathique, et que la critique qui suit ne change pas ma perception).

    Richard parle surtout dans son article, après avoir regretté ne pas pouvoir encore recourir dans le Diplo à l’écriture inclusive, de « patriarcat, privilège raciaux, méconnaissance des sciences humaines et sociales, en particulier des minority studies » (et surenchérit dans le podcast à coups d' »oppression patriarcale », « essentialisme machiste » etc.), cite les auteurs de « Les Gardiens de la raison », pour qui les zets seraient en substance les idiots utiles d’un « projet politique dont la nature et la portée leur échappent », que Richard explicite ensuite, à savoir « un courant de propagande techno-progressiste, libertarien, pro-capitaliste », avant de conclure que les zets devraient à l’avenir souscrire à « une sorte de code de déontologie, qui imposerait à toute personne se revendiquant Z de se former un minimum en sciences politiques, afin de penser contre soi-même et de comprendre où l’on se situe dans un immense parterre de pots de terre et de pots de fer », code de conduite « puisant ses sources dans la recherche académique », comprendre donc ces fameuses « minority studies ». Richard conseille pour finir comme nouveaux podcasts de référence notamment « Kiffe ta race », co-animé par Rokhaya Diallo.

    En clair, pour être un zet breveté, il faudrait donc désormais obligatoirement être un militant woke d’extrême-gauche.

    Appliquer un tel programme ferait quitter à la zététique l’orbite rationaliste et signerait ainsi la fin effective de cette « communauté de pensée », pour reprendre la définition proposée par JMA dans un précédent podcast.

    Jusqu’ici, pour autant que je sache (cela fait déjà pas mal d’années que j’observe d’assez loin, principalement par manque de temps), les divergences/oppositions au sein de ce mouvement portaient surtout sur la meilleure façon de procéder (approche douce/bienveillante Vs approche hardcore), ou sur la qualité de l’argumentation utilisée par tel ou tel rationaliste dans tel ou tel travail. Puis il y a eu des débats internes sur le positionnement politique. Mais ici c’est le fondement même du rationalisme qui se trouve remis en cause à mes yeux.

    Je m’explique en quelques mots. Schématiquement, à l’époque contemporaine, les rationalistes, dont font partie les zététiciens, sont habituellement attaqués sur leur droite par les idéalistes/spiritualistes et sur leur gauche par les relativistes postmodernes.

    Or, Richard propose ici de se ranger au final à la vision du monde de ces relativistes postmodernes.

    Les sciences humaines et sociales sont truffées de chercheurs-militants. Parmi ces derniers, ceux oeuvrant au sein des minority studies (parfois appelées de façon plus éclairante en français études victimaires ou récriminatoires) sont certainement aujourd’hui les pires de ce point de vue.

    Dans « Impostures intellectuelles », Alan Sokal et Jean Bricmont définissaient le postmodernisme comme un courant intellectuel caractérisé par un rejet plus ou moins explicite de la tradition rationaliste des Lumières, par des discours théoriques déconnectés de tout empirisme et par un relativisme cognitif et culturel qui ne voit dans la science qu’une construction sociale parmi d’autres.

    Une génération plus tard, ce qu’on nomme par commodité le wokisme représente la phase terminale du postmodernisme. Si bien qu’à présent c’est « Le triomphe des impostures intellectuelles », titre de l’ouvrage de James Lindsay et Helen Pluckrose (auteurs, avec Peter Boghossian, du canular « Sokal au carré »). Comme d’autres, ils y montrent que ce champ d’études est corrompu par une idéologie qui, au nom de la dénonciation d’oppressions de toutes sortes (sexistes, homophobes, raciales), renonce à toute forme d’honnêteté intellectuelle. Biais de confirmations, raisonnements circulaires et autres théories infalsifiables y sont abondamment cultivés pour servir la cause qu’ils défendent. Les conclusions sont connues d’avance, comme celles qui désignent systématiquement la blancheur de peau ou la masculinité comme la cause du problème. Adieu « l’exigence intellectuelle », bonjour « l’incohérence intellectuelle »… Inviter des rationalistes à se fonder sur leurs travaux voire à oeuvrer de concert avec eux est donc, hum, difficile à accepter.

    L’anti-rationalisme des idéologues postmodernes/wokes est une conséquence (assumée ou pas) du relativisme cognitif et culturel présupposé par leurs analyses et leurs positions. Et si l’on verse en leur compagnie dans le relativisme cognitif, on cesse dès lors d’être rationaliste. Tout cela est donc très problématique pour une organisation rationaliste, pour dire le moins.

  2. Jean de Talois
    Jean de Talois dit :

    La discussion qui illustre bien mon point de vue sur l’imposture de la zététique. Au départ, la zététique est l’étude du paranormal, ou plus généralement de ce que la science pourrait étudier mais n’étudie pas pour certaines raisons.
    Pourquoi la zététique a-t-elle renoncé à l’étude du paranormal ? Pense-t-elle avoir clôt le dossier ?
    En fait, par faiblesse tant théorique que pratique, la zététique a échoué dans son projet initial et a sombré dans la facilité du blablabla socio-psychologique, du commentaire youtubique. Elle s’embourbe maintenant dans le militantisme bien pensant. Suite assez logique.
    La zététique est actuellement une discipline sans aporie fondatrice. On peut dire qu’elle n’existe plus en tant de discipline rationnelle.

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