Episode #387: Impact de la pornographie sur les ados (Ludivine Demol)

Jérémy Royaux interviewe Ludivine Demol concernant sa thèse de Doctorat consacré à l’impact de la pornographie sur les adolescents
https://twitter.com/ludivinedefe?

Piste audio :
Titre: Airwaves
Auteur: Olivaw
Source: https://olivaw.bandcamp.com
Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr
Téléchargement (7MB): http://www.auboutdufil.com/index.php?id=491

6 réponses
  1. C
    C dit :

    Bonjour,
    A la fin, vous mentionnez les études sur l’impact de la pornographie. Dans ma recherche bibliographique, j’ai pu tomber sur des études qui indiquent un lien entre consommation de pornographie d’une part et idées sexistes / idées favorables aux violences sexuelles / agression ou coercition sexuelle, d’autre part.
    Vous dites que l’on peut facilement démonter ces études et en extraire les biais.
    Est-ce que vous pourriez expliquer ?

    En vous remerciant d’avance,
    C

  2. Eloïse
    Eloïse dit :

    Bonjour,
    Votre exposé est vraiment très intéressant.
    Concernant l’influence de la porno sur le comportement de la personne et le parallèle fait avec le lien entre cinéma et eux violents et violence, je pense aussi qu’il est difficile de se faire un avis, car d’un côté nous avons notre éducation, notre interprétation, nos valeurs etc (qui diffèrent donc selon chaque individu) mais il y a aussi, notamment quand on est jeune, le fait d’imiter ce que l’on voit. Par exemple, un père qui bat ses enfants aura été probablement lui-même un enfant battu. Et même s’il est au courant que battre ses enfants est mal, il le fait, par reproduction (inconsciente) de ce qu’on lui a montré étant enfant. Cela ne fait que compliquer le lien que l’on peut établir entre le produit culturel et le comportement adopté par la suite.

    Il est difficile d’établir un lien de cause à effet entre ces enfants qui ont agressé leur camarade et le fait qu’ils visionnaient des vidéos x sur leur portable. L’exemple d’Oedipe que vous donnez est très représentatif. Pourtant, à 12 ans, nous n’avons pas je pense la même idée du bien et du mal qu’un adulte. Il est évident qu’ils savaient que ce qu’ils faisaient n’étaient pas à faire, mais étaient ils réellement pleinement conscients des conséquences désastreuses que cela pourrait avoir sur cette fille ? Ce n’est que mon avis, mais je ne pense pas. En revanche on peut se questionner sur le fait qu’un enfant de 6eme possède un téléphone portable, qui en plus possède un accès internet, qui en plus ne possède pas de contrôle parental pour empêcher l’accès aux sites pornos. Car effectivement, sans les outils nécessaires (prévention, éducation, expérience, valeurs, esprit critique…), il ne me semble pas impossible qu’un jeune soit influencé par ce qu’il voit.

    Et j’en viens à me demander en ce qui concerne les agressions/harcèlements de rue, « culture du viol » (je mets entre guillemets car je suis sceptique par rapport à ce terme, notamment en occident, où je trouve que c’est du foutage de gueule de parler d’une culture du viol dans des pays civilisés alors qu’il existe des atrocités dans certains lieux du monde : mariage forcé, pédophilie légalisée, ainsi que de nombreuses abominations commises sur les femmes), si il ne s’agirait pas d’actes commis par des hommes qui ont vus certaines choses (produits culturels violents) mais qui n’avaient pas les outils nécessaires pour déceler le mal dans leurs actions (on entend souvent des « excuses » de type : « elle disait non mais je suis sûre qu’elle voulait » « je savais pas qu’elle était sérieuse quand elle disait non »), ou bien si au contraire s’il s’agit d’actes commis par des hommes qui ont réellement un fond mauvais (j’entends par là de réelles pathologies mentales).

    Et concernant justement ces « excuses », est-on en droit de penser que les hommes qui commettent viols/agressions se croient irrésistibles, ou comme je le crois plutôt, seraient influencés par les produits culturels et médiatiques laissant croire que les femmes veulent toujours ça, aiment ça, ne disent jamais non (ben oui, elles passent le bonheur de leur mari/conjoint/amant avant le leur – je balance entre l’ironie, et la tristesse de savoir que c’est vrai pour beaucoup de femmes) ?

    Voici les réflexions que m’ont apporté cette interview !

    Au plaisir de vous lire,

    Eloïse

  3. Ludivine Demol
    Ludivine Demol dit :

    Bonjour C,

    Les études (que j’ai pu lire) établissant un lien entre consommation porno et agressivité de l’individu reposent principalement sur 2 notions.
    La première est qu’il existe effectivement un lien, chiffres à l’appui. Malheureusement ces chiffres ne prouvent pas qu’il y ait un effet de causalité. En effet, qu’une personne violente consomme des images violentes n’est pas surprenant, mais il est impossible de dire que c’est à cause de ces images de violence que la personne est violente. En effet, nous sommes pour le moment incapable de soustraire un individu à la société dans laquelle il a grandit, société violente et sexiste par ailleurs.
    Ensuite, le 2ème biais (qui est à mon sens bien plus malhonnête) est de montrer que des personnes violentes ont consommé de la pornographie violente, et érigeant ce fait comme une preuve que la pornographie rend violent. J’y vois ici une forte récupération morale.

  4. Vause
    Vause dit :

    Bonjour,

    Merci pour ce podcast très instructif qui s’inscrit dans une démarche typiquement sceptique. L’interviewé comme l’intervieweur connaissent visiblement bien leur sujet et se réservent toujours de tirer des conclusions hâtives. Ce n’est pas évident pour des sujets de ce type, c’est donc un plaisir.

    Pour autant, le titre ne me semble pas représentatif. Mis à part vers la fin où l’on parle d’un lien possible entre les agressions sexuelles et l’usage de la pornographie (dont les réponses, y compris dans les commentaires, résument bien la chose => impossible d’établir de liens causaux), Mme Demol dresse surtout un portrait de la porno selon la perception que s’en font les jeunes. La notion « d’impact », à proprement parlé, ne saute pas aux yeux. C’est donc plutôt un « rapport de notre culture et société vis à vis de la pornographie » qu’une réelle investigation sur « l’impact ».

    En effet, si on parle réellement d’impact sur la jeunesse, qu’en est-il ? Aucune motion de l’addiction à la pornographie ?
    Dans la mesure où j’ai la charge de la preuve, voici un site qui recense quantité d’études sur le sujet. Dans la mesure où ils prennent également le temps de lister certaines études qui ne vont pas dans leur sens ou controversés, ce site me semble sérieux :

    https://www.yourbrainonporn.com/research-articles-and-abstracts

    Il est ici motion de plusieurs choses, et en particulier les dysfonctionnements de la pornographie sur la libido. Mais pas que, c’est un sujet très vaste et bien documenté (un peu moins en France) qui, je pense, aurait tout de même mérité une place de choix dans votre podcast. D’ailleurs, M Royaux a une remarque très pertinente quant il dit, grosso modo : « On a beau avoir conscience que ce n’est pas la réalité, est-ce que ça n’aurait pas un impact malgré tout ? » car ça résume très bien l’idée.

    Voir Batman au cinéma, c’est un autre niveau qu’avoir accès, en un seul clic, à autant de femmes qu’un homme (ou inversement) pouvait en voir dans toute sa vie avant la pornographie. Plusieurs de ses études font un lien certain sur la psyché des individus, même si, comme l’addiction aux jeux-vidéo ou aux sports, la pornographie trouve souvent racine dans une anxiété ou un mal-être déjà présent (addiction dite psychologique).

    Bien cordialement

  5. Mathias
    Mathias dit :

    Vraiment très intéressant !

    Dommage que vous n’ayez pas mis la source de l’étude faite sur les films Disney, parce que j’aurais bien aimé la consulter ; non pas que je remette en doute ses conclusions, mais plutôt sa méthodologie. Ludivine dit que « La Reine des Neiges » est une exception notable et que pour la très grande majorité des autres films, la parole est la plupart du temps accaparée par des personnages masculins, y compris lorsque le film s’articule autour d’un personnage principal féminin. À ce propos, je me pose deux questions :

    1) Est-ce que les personnages animaux qui sont interprétés avec une voix masculine sont considérés comme masculins ? Parce que par exemple dans Cendrillon ou Alice au Pays des Merveilles, au moins une bonne moitié des personnages sont des animaux. Dès lors, doit-on considérer une souris interprétée par une voix masculine (Cendrillon), d’ailleurs proche de celle d’un enfant, ou bien la chenille que rencontre Alice, ayant là aussi une voix masculine, comme un personnage « masculin » en soi ? D’autant que je ne suis pas sûr que selon les traductions des autres pays, ce soit tout le temps une voix masculine qui l’interprète…Dans un film comme « Les Aristochats » par exemple, là je comprends parce qu’il y a clairement des chats identifiés comme masculins et d’autres comme féminins. Mais dans les deux autres exemples que j’ai cité, je ne suis pas sûr que le rapprochement soit pertinent.

    2) Ne serait-il pas plus juste, méthodologiquement parlant, de séparer les films ayant un personnage féminin principal de ceux ayant un personnage masculin principal pour faire la comparaison ?

    Voilà c’était juste une petite réflexion comme ça, pour chipoter sur le détail de l’étude en question – que je trouve néanmoins intéressante. Mais je n’ai rien à redire sur le reste de l’épisode que j’ai trouvé vraiment excellent :)

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