Épisode #472: L’histoire du Nouvel Age (première partie) avec Shadow Ombre
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Interview de Shadow Ombre sur l’histoire du Nouvel Age.
Sources:
Christoph BOCHINGER : New Age und Modern religion (1994)
Paul HEELAS : The New Age movement (1996)
Wouter J. HANEGRAAFF : New Age religion and Western culture (1996)
Marie-Jeanne FERREUX : Le New Age, ritualités et mythologies contemporaines (2003)
Massimo INTROVIGNE : Le New Age, des origines à nos jours (2005)
Claudine VOISENAT & Pierre Lagrange : L’ésotérisme contemporain et ses lectures (2005)
Merci pour cet épisode qui traite d’un sujet fort d’actualité et qui mériterait que la communauté zet s’y penche un peu plus je trouve ^^
Je dois dire pour être honnête que j’ai moyennement apprécié son ton parfois un peu paternaliste et méprisant envers les personnes qui ne pensent pas comme lui (« ignorants » selon ses mots). Sa façon aussi de dire « d’ailleurs, tu sais d’où vient […] ? eh bien… », comme s’il avait besoin de rappeler que lui il sait et pas son interlocuteur, alors qu’il aurait pu tout simplement présenter l’origine de ce dont il parlait sans l’introduire de cette façon un peu dédaigneuse.
Ensuite, les définitions qu’il donne sont assez nébuleuses.
Par exemple, le terme « mysticisme » existe depuis l’Antiquité et était plus lié à la connaissance du mystérieux sans connotation religieuse, d’après ce que je lis sur Wikipédia (voir sources mentionnées, notamment le Dictionnaire historique de la langue française et l’ouvrage « L’université devant la mystique » d’E. Poulat, qui montre que la définition, et notamment le lien obligatoire avec le christianisme ou non, est encore débattue).
Autre exemple : dans les deux cas, « mysticisme » et « ésotérisme », il dit que ça doit être lié à la tradition, au final on comprend pas la différence. Comme l’avait dit Jérémy sur Facebook, moi aussi je me demande si c’est pas un peu radical que de pouvoir coincer un terme dans son histoire, puisque la langue évolue aussi en fonction de l’usage (voir l’emploi qu’on fait aujourd’hui du terme « sophisme » par exemple).
Je pense que par intérêt pour le sujet j’écouterai quand même la seconde partie de l’interview, mais je pars quand même avec un mauvais a priori x)
Le fait que les débuts de l’occultisme/new age, 1847, corresponde avec une compréhension scientifique de plus en plus fine des forces invisibles de l’électromagnétisme (de Faraday 1830 à Maxwell 1865) vous semble une coincidence ?
Maintenant que je vois la spécificité de l’occultisme comme lié aux sciences, et comme les champs magnétiques et électriques sont l’archétype des formes invisibles qu’on ne parvenait pas à expliquer jusque là; je me demande…
Au risque d’enfoncer le clou, j’ai également trouvé l’écoute de cet épisode pénible.
L’invité a un gros problème de ton et de pédagogie. Des expressions hasardeuses, du jugement à l’emporte-pièce voire de la suffisance sur certaines tournures de phrases.
D’autant que sur plusieurs sujets (notamment les définitions), il avance pouvoir donner la véritable « clef » à des questions qui sont en fait très contestées. Comme s’il n’y avait qu’une seule réponse et que lui, heureusement, l’avait découverte.
Ces thèmes sont toujours plus compliqués et les connaissances toujours à creuser. C’est ennuyeux de donner une « réponse définitive » à des sujets qui, par leur nature-même, ne peuvent être épuisés par une phrase seule.
Après, l’ambition était sûrement trop grande. Le panel (de thèmes, d’histoires et d’expériences) est si énorme que l’on finit par être un peu perdu, à slalomer entre tant de sujets que cela a finit par m’étourdir.
Reste que c’était intéressant sur plusieurs points. Merci à tous pour votre travail.
Hello Shadow Ombre
Merci pour cette intervention qui retrace tout le parcours historique du New Age. C’était intéressant …
J’ai quand même deux remarques / interrogations :
1) Concernant le lien que tu fais entre New Age et Thérapie brève Palo Alto, il me semble que ce lien est très tenu.
J’ai lu Bateson, Watzlawik, Weakland, Fisch, Jackson et Haley qui constituent la plus grande partie de l’équipe de Palo Alto avec Virginia Satir.
Je ne retrouve pas de NEw Age dans les écrits des auteurs, et encore moins dans leur méthode. Au niveau des objectifs, ils ne mettent absolument pas en avant le potentiel humain, le bonheur ou d’autres objectifs que tu cites avant de parler d’eux. Ce qui est mis en avant, c’est une compréhension interactionnelle des problèmes psychologiques et le respect de la vision du patient (et de ses objectifs, pas de ceux du thérapeute). La thérapie qu’ils ont développés est tout a fait sérieuse et n’inclut rien d’énergétique, d’ésotérique ou spiritualiste…
De plus, tu dis que la PNL vient de Palo Alto (j’ai oublié ta phrase exacte). En fait, La PNL qui est très liée au New Age se base aussi sur la modélisation. Bandler et Grinder ont tenté de faire un mixe entre plusieurs pratiques populaires à l’époque et plusieurs thérapeutes populaires. Ils en ont gardé quelques principes et outils qui leurs semblaient importants pour faire un mélange très personnel qui a été amplement critiqué par la suite et n’a jamais fait preuve de son efficacité. La thérapie brève n’a pas du tout connu le parcours marketing et pseudoscientifique de la PNL d’ailleurs. Et la PNL ne ressemble pas vraiment à la thérapie brève, ils n’en ont gardé que quelques fondements superficiels et n’ont pas du tout collaboré avec les praticiens de Palo Alto. Y a juste Bandler, si ma mémoire est bonne, qui a fait un stage là bas, comme il a aussi été rencontré pleins d’autres personnes pour récupérer leurs idées qui lui semblaient intéressantes.
Bref, tout ça pour dire que je ne vois pas vraiment ce lien entre NEw Age et TB…Il me semble tellement ténu qu’on pourrait alors dire que TOUT est en lien avec le New Age, y compris la médecine moderne.
2) j’ai quelques difficultés avec la posture que tu sembles avoir de manière récurrente et qui consiste à condamner assez catégoriquement de nombreuses personnes qui se réapproprient un mouvement, une spiritualité, une religion,…. En modifiant un peu ce qu’elle était, ou bien en l’enrichissant de nouvelles choses.
Pourtant, tout évolue. Des religions , des spiritualités qui sont figées à l’époque de leur création, cela n’existe pas. Tout comme les sciences, la médecine, n’importe quelle religion.
Doit on dire que la religion catholique n’est pas catholique car elle a changé certains de ses fondements au fil du temps par exemple?
Le sens des mots est également défini par l’évolution de leurs usages.
C’est intéressant de dire qu’une spiritualité n’est plus ce qu’elle était au début, pour en comprendre le chemin. Par contre, dire que les gens se trompent, que c’est faux, cela me semble très radical et un peu « essentialiste », dans le sens où une chose devrait continuer à être définie par sa définition originale.
Bonjour messieurs, et merci pour ces commentaires. Pardonnez-moi d’avoir mis du temps à vous répondre, mais j’avais une priorité qui me prenait beaucoup de temps, celle de réaliser cette vidéo que j’ai publié il y a peu et que vous pouvez voir et écouter ici :
https://www.youtube.com/watch?v=w7SfPAuZBVU
Ceci étant dit, je commence dans le désordre en répondant à Emile.
Je pense que toutes les avancées scientifiques dans ce qui nous apparaissait jusqu’alors invisible à cette époque a nourri beaucoup de fantasmes occultistes. Le siècle de la « Mort de Dieu » est aussi appelé celui des « Inventions ». Certains ont pensé que l’homme, par sa potentialité cachée, pouvait contrôler ces forces. La néo-spiritualité s’est bâtie ainsi. C’est le fameux « vril » du roman d’Edward Bulwer-Lytton, la Race à Venir, ou encore « la force » de la saga Star-Wars de Georges Lucas qui fut très influencé par son épouse anthroposophe.
Ces croyances, en 1847, ne sont pas vraiment nouvelles. Ce qui est nouveau, c’est qu’à partir de cette année là se met en place une organisation structurée, un mouvement, des pratiques, des rites ainsi que des doctrines. Cette néo-spiritualité s’instaure en néo-religion. Ceci est vraiment inédit !
J’espère avoir répondu à votre question Emile.
Je vais désormais répondre aux commentaires plus critiques à mon égard, ceux de Mathias, Qayris et Jeremy (dans l’ordre et le désordre) que je remercie de m’avoir écouté.
Sur ma supposée condescendance… On ne peut pas plaire à tout le monde. D’une. Et cela ne me dérange pas de ne pas plaire à tout le monde. De deux, j’ai demandé à des personnes sur les réseaux sociaux qui ont écouté cet entretien, et d’autres de mon entourage, s’ils me trouvaient condescendant. Majoritairement ce n’est pas le cas. Ce qui me rassure, car ce n’est vraiment pas le sentiment que je veux donner.
Cependant, je peux comprendre d’où vous vient cette impression de condescendance.
1. Pour vous dire la vérité, j’ai été invité par Jean-Michel Abrassart sous les conseils de Jean-Benoit Meybeck qui lui même avait été invité il y a quelques semaines pour parler de son excellente BD Cosmobacchus. La proposition de sujet était flou. Je en ai proposé un à mon hôte avec un plan peu détaillé. Je ne savais pas si lui même connaissait certaines choses sur le sujet. Du coup, quand je lui pose des questions, ce n’est pas pour asseoir mon autorité. Ce n’est d’ailleurs pas un enjeu pour moi étant un éternel étudiant apprenant chaque jour, si possible. Non, si je lui pose des questions, c’est pour savoir si ça lui dit quelque chose, sincèrement. C’est par crainte du monologue, par volonté de créer l’échange. C’est par crainte de paraître ennuyeux, imprécis et peu fluide. C’est donc plus un aveu de faiblesse que de condescendance.
D’ailleurs, je fais souvent des conférences sur un autre sujet qui n’a rien à voir et j’utilise le procédé de la maïeutique qui fonctionne assez bien d’ailleurs, au vue de mon expérience. J’ai voulu retenter la chose, forcément.
2. Par contre, sur certains points, j’ai été moins condescendant que cassant. Ça, je l’assume complètement. Je le revendique même. Et ça ne me dérange pas si ça gène aux entournures. Le fait est que j’entends et lis beaucoup de personnes (principalement sur internet) qui se donnent des apparences de spécialistes sur le New Age, ont un audimat certain, alors qu’ils sont des vulgarisateurs qui n’ont jamais profondément travaillé le sujet, ce qui leur fait commettre des erreurs et des confusions que les gens avalent et redemandent. Ça, ça m’agace profondément, ce manque de sérieux surtout quand cela provient de personnes aux ambitions carriéristes. Le New Age est étroitement lié aux dérives sectaires. Ce sont des questions sérieuses qui nécessitent d’êtres précises.
Quand je dis que nier l’impact historique et culturel du spiritisme dans les fondements su New Age, c’est (et je me suis excusé du mot parce que je sais qu’il peut être pris de manière péjorative) être ignare, je le pense vraiment et je l’affirme envers ceux qui se sont moqués de JM Abrassart lorsqu’il disait lui-même que le théosophique et le spiritisme ont eu cet impact là. Ceux qui allèguent le contraire ont tort parce qu’ils ne savent pas. C’est un mot fort, c’est vrai. Mais il a toute sa place ici. Ceux qui ne savent pas sont ignorants. Mais les ignorants qui pensent savoir et se moquent sont des ignares, qualificatifs qu’ils méritent. Pour ma part, je suis complètement ignorant de l’écologie des systèmes nautiques, domaine dans lequel Mathias à l’air spécialisé. Ma position, si je devais l’écouter en parler, serait de me taire et d’apprendre, et certainement pas d’essayer de le contredire par le biais d’une petite référence prise sur wikipedia. J’ai beaucoup trop de respect pour les gens qui étudient et travaillent un sujet pour faire cela. Je ne suis pas atteint de ce défaut qu’est l’ultracrépidarianisme, Grâce à Dieu, oserais-je dire.
Donc devant ces facilités et ces confusions, je suis radical. Et je le resterai sans sourciller. Ceux qui ne sont pas d’accord avec cela, ça ne me trouble aucunement. Par contre si on me propose un argumentaire solide et précis, je suis capable de réviser ma position, sans aucun problème.
Quant à la confusion, les expressions mal choisies, etc. Elles sont liées au trois points que je viens d’évoquer, mais aussi à ce que j’ai du mal à synthétiser. Dans le sens où je n’aime pas ça, car chaque point est complexe et demanderai une longue explication. Et aussi dans le sens où a chaque fois que je parle d’une époque, d’un mouvement, je réfrène énormément de références qui me viennent à l’esprit et que je refoule difficilement. Mes « bugs », lors de mon entretien viennent souvent de là.
Les travaux que je publie sur ma chaîne vidéo ou ceux que j’écris en ce moment sont denses, truffés de détails, de noms, de dates, de nuances, etc. Ce que me permet moins le procédé de vulgarisation que je n’aime pas trop d’ailleurs.
Une dernier point : je ne suis pas universitaire. J’ai un parti pris. Je choisi, je sélectionne ce qui me semble juste du faux. Et j’argumente en ce sens. Me reprocher cela est amusant. Car même dans les milieux universitaires, sur un même sujet, notamment dans les sciences humaines, il existe plusieurs écoles qui se concurrencent et sont parfois véhémentes les unes envers les autres. En conclusion, me faire ce procès là, c’est mal placé. Surtout vu les argumentaires qui me sont proposés et dont je vais parler ci-dessous.
Voici pour la forme. J’en viens au fond désormais.
On croirait que tout ce que je dis sur le New Age viens de moi. Ex nihilo. Ce n’est pas comme si j’avais cité de nombreuses références au début de l’entretien, dont je dis avant tout qu’elles sont fort intéressantes et utiles avant d’en expliquer les défauts dont le premier, et ce n’est pas la faute des auteurs, c’est qu’ils ont 20 ans et que depuis, le New Age a rapidement évolué.
Deuxièmement, ce que je dis sur les différents mouvements et les définitions, ça ne vient pas seulement de moi. Je ne l’ai pas découvert « en moi ». Je ne suis pas un illuminé ! Je suis désolé, je ne veux pas faire du name dropping, mais je suis obligé de citer ceux chez qui je me suis abreuvé par ailleurs, qui définissent de la même manière les courants dont je parle dans cet entretien, avant même que j’ai eu l’idée de les étudier, à savoir : Mircéa Eliade, Hussein Nasr, Huston Smith, Antoine Faivre, René Guénon, Xavier Accart, Martin Lings, Jean-Pierre Brach, Mark J. Sedgwick, Stéphane François, Paul Roland, Goodrick-Clarke, Marie-France James, Michel Valsan, Jean Reyor, Pierre Alibert, Paul Sérant, Pierre-Marie Sigaud, Jean-Marc Vivenza, etc. Liste non-exhaustive. Tous ces gens là font les distinctions que je fais. Et je n’oublie pas, mais je le gardais au chaud pour ce qui vient, Emile Poulat ! Alors cette référence, Mathias, c’est amusant que vous me la sortiez. L’ennui c’est que j’ai l’eu comme professeur. Et je peux vous assurer qu’il faisait bien les distinctions entre les termes. C’est une chose. Mais j’ai aussi lu l’ouvrage que vous citez, le second. Là, c’est autres chose. Certes il explique la mystique à l’heure actuelle dans un sens commun, comme on parlerait de « l’inspiration mystique des créateurs dans l’art », une définition qu’il qualifie de moderniste. Mais il affirme par ailleurs, dès l’introduction de son livre, ce que j’avance et que vous récusez pourtant à partir… de wikipedia. Je vous recommande notamment le « Politica hermetica n°3 – Gnostiques et mystiques autour de la Révolution française » (1989) – où il se fait encore plus clair. C’est bien de lire wikipedia et se sentir la force d’intervenir avec si peu. C’est mieux de lire les livres des auteurs que vous citez. Vous ne trouvez pas ? Sous peine, justement, de paraître… condescendant !
Concernant ce terme, « mysticisme », vous affirmez qu’il existe depuis l’Antiquité. Permettez-moi de vous dire que je ne l’ai pas trouvé dans les textes qu’ils nous restent de la Grèce Antique, et je ne suis pas le seul. En tout cas pas le mot « mustikos »(μυστικός), et pas dans le sens de mysticisme. D’ailleurs, le mystikos chez les grecs byzantins (dès le IXème s.) est un personnage important de la chancellerie impériale ayant des fonctions judiciaires et notariales. Rien à voir avec le sujet qui nous occupe donc.
Par contre, il était utilisé le terme « mystères » au pluriel (μυστήριον), à propos des Cultes à Mystères comme ceux d’Eleusis ou d’Orphée, un rite des seuls initiés. Ce n’est donc pas du mysticisme, mais de l’ésotérisme.
A ce sujet, j’ai expliqué clairement la différence entre mysticisme et ésotérisme lors de l’entretien. Au moins, vous avez saisi que les deux sont liés à une Tradition. Ouf ! Ça me rassure que vous ayez compris le point commun. Sur la différence entre les deux, je vous enjoins à re-écouter cette partie de l’entretien. Je n’aime pas me répéter. Je prends déjà beaucoup de temps à répondre, je le fais avec plaisir, mais il ne faut m’en demander trop quand même. D’autant que j’ai demandé à d’autres personnes s’ils avaient saisi la différence entre les deux voies à partir de mon explication, et ils l’avaient bien saisie. Donc si eux y arrivent, qu’est ce qui pourraient vous en empêcher ? Vos biais ? Votre condescendance ? Je n’irai pas jusqu’à dire votre manque de capacité intellectuelle, je n’ai pas cette méchanceté. Et je ne pense pas du tout que vous en manquiez.
Vous comprendrez que si quelqu’un piège les mots, ce n’est pas moi. J’affirme que ces mots et les concepts, les mouvements, les doctrines, les enjeux qu’ils recouvrent sont piégés par la soi-disante évolution de ces mots qui en ont galvaudé le sens, les ont rendus communs et interchangeables. Ces mots ne sont pas simplement des noms communs, des adjectifs qualificatifs (un peintre à l’œuvre mystique, un cuisinier aux pratiques alchimistes, etc .) Ils recouvrent par leur particularité, leur différence étymologique même, des mouvements historiques nécessaires pour comprendre les enjeux du présent. Le nier sous le prétexte que ces mots ont « évolué », qu’on peut les utiliser maintenant allègrement à toutes les sauces, c’est ajouter à la confusion. J’en parle précisément dans une vidéo sur la dénaturation du langage.
https://www.youtube.com/watch?v=XiCRJ1DyjsQ
J’en arrive à répondre au commentaire de Jéremy. Le deuxième point pour commencer.
Le catholicisme a évolué d’une manière apprécié par les uns, condamné par les autres. Mais ce n’est pas ce dont je parle. Du tout. Cet exemple est inapproprié. Je parle de bricolage en mode self-spiritualité (ce qui se fait le plus en ce moment), ou de créations syncrétistes néo-spirituelles. Vous pouvez apprécier cela, ça ne me dérange, et je n’ai rien contre les gens, individuellement, qui ont ces croyances, ces pratiques. Je parle de mouvements, de personnes historiques précises, et des coachs actuels. Et c’est du New Age ! C’est le principe même du New Age ! Ça doit embêter certains qui ont ces croyances/pratiques, ou qui en on fait leur gagne-pain alors qu’ils sont sincères, mais c’est du New Age quand même. Il ne s’agit pas de spiritualité récupérée et améliorée dans le New Age. Il s’agit d’emprunts tordus (à cause d’un défaut de traduction, d’incompréhension, ou à cause d’intérêts manipulatoires et bien pratiques) de certaines doctrines ou pratiques, séparés du tronc auxquels ils appartiennent, et user à d’autres fins. Le New Age c’est en grande partie cela. Dès les débuts de son histoire. Je vous recommande d’ailleurs la lecture de ce livre de René Guénon : introduction générale a l’étude des doctrines hindoues. Tout du moins la moitié !
Le yoga, quand il est coupé du Hatha yoga, et qu’on en fait de la gym douce avec un vernis de spiritualité hindou, c’est du New Age. Idem pour la médecine ayurvédique telle qu’expliquer dans les salons. Ce ne sont d’ailleurs pas des soins pour le corps ! Ça ne sert pas à guérir à la base. Ce sont des pratiques métaphysiques qui dépassent tout cela. Quand on emprunte la méditation hindou ou bouddhiste et qu’on la rend laïque ou scientifique, c’est du New Age. La méditation n’est pas un soin psychique pour les tenants de ces Traditions. Quand on s’inscrit dans une association et que l’on paie 10 euros pour participer à une danse de derviche tourneur, ce n’est pas la hadra du soufisme mevlevi. Ca n’a rien à voir. C’est, encore une fois, du New Age. Je peux sortir des centaines d’exemples auxquels ont va donner des explications simplistes ou très raffinées par le biais d’un jargon scientifique, même psychologique. Ca n’en reste pas moins du New Age.
Ce n’est pas de « l’évolution », un sacré mot fourre-tout ! Et ce n’est certainement pas une pratique spirituelle d’ordre métaphysique comme c’est entendu dans ses anciennes Traditions et dans la particularité des voies initiatiques qui existent depuis longtemps, c’est du psychologisme, du psychisme. On est dans « le sentiment », ce que j’explique dans cet entretien. Cela n’a rien à voir avec la métaphysique. Alors si ça fait du bien à certaines personnes, tant mieux. Mais ce n’est pas le but de ces pratiques.
D’ailleurs, qui a commencé à récupérer ces pratiques en les dissociant ou en les syncrétisant tout en prétendant prendre le meilleur de chaque Tradition : la Société Théosophique. Cette dernière a crée des centaines d’associations en Europe et aux Etats-Unis : de yoga, de soufisme, de végétarisme, de méditation etc. Tout ce qui se passe aujourd’hui est une continuation de cela. Sauf que ça ne passe plus par une Société, mais par des individus qui ouvrent leur cabinet et en font leur gagne-pain. Tout en étant sincère pour certains, ce que je ne remets pas en cause. Ce que je dis n’est pas essentialiste, sous prétexte que ce qui se pratique maintenant n’est plus ce qui se pratiquait avant, et que forcément ce qui se pratique maintenant est mieux qu’avant, ou plus juste. C’est du conservatisme inversé ! L’une des marques du New Age, c’est l’instabilité du au phénomène de mode. Et des phénomènes de mode dans ces pratiques néo-spirituelles, il y en a à revendre. Les pratiques dans les confréries authentiques soufies, kabbalah, taoïstes, brahmanes, etc., n’ont pas bougé, si ce n’est influencées par des particularités d’un Maître qui impulse une branche, mais qui reste raccrochée au tronc.
C’est intéressant ce que vous dites Jérémy, car c’est l’exact opposé, dans le fond, de ce qui sous-tend l’exposé historique que je fais sur le New Age. Je ne vous critique pas par rapport à cela, je respecte les individus. Vraiment. Mais je me demandais : vous vous reconnaissez dans ce que je critique ? Vu que vous appuyez sur le terrain psychologique, vous êtes un thérapeute holistique ? Vous vous définissez comme coach et vous promouvez la méditation comme soin, l’hypnose de type ericksonnienne en sus d’une thérapie-brève ? De la sophrologie peut-être ? Ou alors vous y croyez juste ? Ou encore vous vous intéressez tout simplement à cela ? C’est sûr que je considère tout cela comme New Age. Et je peux l’argumenter dans un texte ou une vidéo fouillée et dense, sans problème.
J’en arrive au premier point de votre commentaire où vous m’expliquez que vous avez lu certains membres de l’équipe de Palo Alto et que vous n’y voyez pas du New Age ni une recherche de potentialité. Ah bon ? Je ne vais parler que de la première et la dernière personne que vous citez (Bateson et Satir) pour aller vite, parce que mon commentaire est déjà long et que je commence à fatiguer.
Vous avez lu Gregory Bateson donc. Dans son oeuvre, ne parle-t-il pas régulièrement de « mysticisme » (c’est le mot qu’il utilise), « spiritualité », « sacré », « ange », « religion » ? Ne fait-il pas référence au Tao, à l’Evangile de St Jean ou au Grand Véhicule Bouddhiste, au Clerome et au Plérôme ? Avez-vous lu, de ce monsieur, « Une unité sacrée » ? Il y développe la troisième étape de son approche qu’il fait correspondre à une illumination et qu’il appelle parfois « une conversion religieuse ». A propos d’ « An Ecology of mind », n’a-t-il pas dit : « « J’ai toujours pensé comme ça. La relation entre ce livre et moi ou entre le livre et la table est toujours un microcosme de la relation entre l’homme et Dieu ou Dieu et le Diable. Que vous le vouliez ou non les grandes relations et les petites relations sont du même ordre. Pour étudier, vous avez parfois à travailler sur de petites choses et alors on vous reproche de travailler sur de petites choses, et si vous travaillez sur de grandes choses alors on vous reproche d’être mystique, alors que c’est la même chose. » ?
Quant à Mme Satir, n’a-t-elle pas écrit « Méditations and Inspirations » aux éditions « Celestial Arts », les Arts Célestes : tout un programme n’est-ce pas ? Virginia n’a-t-elle pas relié la spiritualité, l’unicité de la personne et les systèmes avec des approches holistiques ? Remarquez, ce n’est peut-être pas New Age pour vous.
Sur ces sujets, je vous recommande de lire « Happycratie » d’Eva Illouz que j’ai cité dans l’entretien (elle y parle notamment de la potentialité qui est un des piliers de l’Ecole de Palo Alto). Ainsi qu’un texte de Baptiste Rappin, philosophe du management et Maitre de conférence à l’Université de Lorraine qui a pour titre : Essai philosophique sur les origines cybernétiques du coaching.
https://journals.openedition.org/communicationorganisation/4204
Cet article fort intéressant décèle le New Age dans l’Ecole de Palo Alto et le coaching qu’il a construit.
Voilà, ça sera tout. C’est déjà beaucoup :)
Merci pour votre commentaire,
Je pense que votre manière de dire que « tout est New Age » est tellement vague et englobante qu’elle perd sa pertinence. Cela dit, j’ai compris votre argument. Pour moi, c’est une sorte de déshonneur par association en gros. si on suit votre logique, presque tout et n’importe quoi finira par être un dérive du New Age.
Quand des psychologues décident de récupérer la partie « outil » dans la méditation, car ils ont vu qu’il y avait des effets positifs, et l’incluent dans la thérapie cognitive, cela n’a plus rien à voir avec le New Age. Citer le fait que certains auteurs ou praticiens avaient quelques idées en lien avec le New Age pour qualifier une des approches qui n’ont plus rien de New Age de la sorte, c’est pour le moins problématique et cela devient tellement flou que cela perd son sens. Les liens qui vous établissez sont un choix assez subjectif, qui peut aussi ne pas être fait.
Cordialement
Quand à mon parcours, il est sans grande importance, cela dit je peux vous répondre.
Je suis d’accord qu’il y a une part New Age dans l’origine de l’hypnose comme chez certains auteurs de TB
Cela dit, les pratiques évoluent, et quand elles n’ont plus aucun rapport avec leur origine, en pratique, cela n’a plus beaucoup de sens de les qualifier de la sorte.
La médecine n’a pas toujours été scientifique, elle était également liée à un ensemble de croyances peu rationnelles. Ce n’est pas pour autant que quelqu’un trouve encore pertinent de l’associer à des approches pré scientifiques, sauf quand on parle de son histoire
C’est pareil avec certaines formes d’hypnose (« Cognitive Hypnosis » par exemple)
C’est pareil avec la TB, j’y suis formé oui (tout comme à l’hypnose), je connais le travail et les idées des grands représentants de ce courant en Belgique, cela n’a aucun rapport avec le New Age, c’est juste devenu un travail comportemental et interactionnel.
C’est pareil avec certaines formes de méditation pleine conscience qui sont uniquement utilisés comme un outil de relaxation ou pour travailler sur certaines cognitions de la vie quotidienne.
Sinon, on n’a pas besoin de « croire » à des pratiques, on peut simplement constater les effets qui sont scientifiquement prouvés, et les utiliser. C’est ce que je fais avec la TB et l’hypnose, tout est étant très critiques des dérives ou de ce qui n’est pas ancré dans la psychologie scientifique.
Cordialement
Merci pour cette longue réponse.
Je répondrai juste vite fait sur deux points.
Le premier quand vous dites que vous revendiquez complètement d’être cassant pour contrer celleux qui se revendiquent spécialistes du sujet sur Internet et qui font de l’audimat alors qu’ils sont dans le faux (et là-dessus je vous fais confiance) ; cela n’est pas une raison pour avoir un ton (en tout cas de mon ressenti) aussi « cassant » en effet. Si je fais un jour une conférence sur le bullshit qu’on peut entendre en science à propos de l’écologie des systèmes aquatiques (et pas nautiques ^^), je vais me concentrer sur les idées plutôt que sur les personnes. Ça ne m’intéresse pas de savoir que un tel a dit n’importe quoi ou un tel autre est dans le faux, parce que si d’autres répètent la même erreur, il faudra citer de nouveau ces personnes etc. Qu’on les nomme ou pas peu importe en fait, c’est juste qu’à l’écoute, à cause de ça, j’étais moins enclin à rester concentré sur ce que vous disiez et à le retenir, alors que pourtant c’est important puisque, comme vous le précisez, cela est lié aux dérives sectaires. Maintenant j’imagine que si votre entourage et vos réseaux ne vous ont pas donné le même ressenti, vous n’allez pas changer sur la base des trois commentaires de cette page qui vous ont reproché cela, et puis ce n’est qu’un ressenti. Mais au moins c’est dit ^^
Par rapport à ce que j’ai sorti de Wikipédia, il apparaît donc que je me sois trompé donc désolé. Mais l’ouvrage d’un spécialiste ainsi qu’une définition d’un dictionnaire ne me paraissaient pas être de « petites références ». Ça ne me donnait pas non plus une « force d’intervenir avec si peu », c’était plutôt pour mettre en avant une potentielle contradiction avec ce que vous avez dit ; maintenant si les références sur la page Wikipédia ont été mal utilisées (ce qui a l’air d’être le cas d’après votre commentaire), alors mea culpa.
Je rattrape cette série d’épisode avec un peu de retard et je souscris aux réserves de Jérémy Royaux plus haut ; Shadow Ombre brasse beaucoup de connaissances (et c’est passionnant et généreux de sa part de nous donner accès à tout ce parcours), mais adopte une posture souvent péremptoire, voire complotiste, oubliant souvent d’expliciter ses propres raisonnements et démonstrations en les écrasant sous du name dropping et de l’allusion.
Effectivement, dire que tout est New Age, sauf les religions originelles, c’est d’une part adopter une conception essentialiste des religions et d’autre part vider de sa substance la notion de New Age pour l’hypostasier (en faire une réalité obscure et active indépendamment de la connaissance des acteurs.
Il y a un vrai problème dans la question du langage et du statut donné à la définition, qui repose là encore, il me semble, sur une forme d’essentialisme nominal (considérer que les noms ont un sens éternel désignant une réalité éternelle, indépendemment de leur contexte d’emploi), et citer des mots grecs au hasard n’y change pas grand chose.
Ainsi est-il plus que douteux de considérer que la notion de mysticisme est propre au christianisme sur la seule base de l’origine chrétienne du *terme* — sans tenir compte du faire que le mysticisme est redéfini, généralement, par les sciences religieuses et l’anthropologie pour désigner tout système de croyance qui se construit à côté des religions instituée et valorise l’expérience directe de la divinité chez celui ou celle qui en fait l’expérience. Cela ne veut pas dire que les croyant·es n’ont pas de rapport personnel à la divinité dans le cadre officiel institué, mais qu’on étudie des phénomènes (en termes sociaux, théologiques, anthropologiques, selon les approches) qui se déroulent en marge ou en parallèle de ces cadres institués, d’où l’origine étymologique du terme et son lien lointain avec la notion d’initiation : ce n’est pas une question d’initiation dans la mystique (en tout cas, pas nécessairement, mais elle peut être intégrée), mais valorisation de l’expérience directe de la divinité sans égard aux formes communes/institutionnalisées de culte.
La définition donnée à gnose et gnosticisme est très confuse et, pour la partie concernant les sources chrétiennes, fausse. Et le corpus de Nag Hammadi n’a rien à voir avec les manuscrits de la Mer Morte. Paul de Tarse n’a pas combattu Marcion (Marcion est sans doute né trop tardivement pour connaître Paul de Tarse d’ailleurs) et le lien de Marcion avec le gnosticisme est lui-même très débattu.
Ce sont sans doute des détails, mais quand on prend la parole d’une manière si assurée et parfois donneuse de leçon (voire méprisante, « ignares » ?), on attendrait plus de pédagogie et de rigueur. La frontière entre confusion et manipulation est brouillée et c’est précisément l’intérêt de ce podcast d’essayer de mettre de la clarté et d’émanciper de la manipulation.
Toute cette érudition et ce savoir gagneraient à plus de souci dans la forme démonstrative et argumentée : il ne suffit pas de donner des noms et de citer des livres, aussi obscurs fussent-ils, il faut proposer et rendre compte de lien de causalité ou de corrélation, montrer des dépendances, etc. et donner les outils aux auditeurs et auditrices pour juger par eux-mêmes de la validité de ces liens, sinon nous sommes placés dans la posture du croyant qui doit bien croire à l’érudition et au brio rhétorique de l’orateur, maintenu dans un état subalterne.