Épisode #546: Critique de « The God Delusion » de Richard Dawkins
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Des questions basales. Le Comment et le Pourquoi. Le Savoir (scientifique) s’emploie à expliquer le comment. Et on peut ici se passer de l’hypothèse divine. Mais : pourquoi y a-t’il quelque chose plutôt que rien (au sens de nothing et non de res). Trou dans le Savoir. Là, Dieu se révèle être un Dieu bouche-trou, et a de l’avenir. Toutes les fabulations religieuses (depuis les cavernes) sont par cela des tentatives de rationalisation, de saisir le réel. Saisir l’Infini. La fable répond au besoin de croire, pour boucher le trou dans le savoir.
L’athée en sera réduit alors à demander à Dieu : «Mais que faisais-Tu tout seul dans le noir avant que la lumière soit ?» Or on sait qu’avant que Dieu/deus/Zeus soit Un, il était accompagné de divers panthéons, babylonien, olympien, araméen, précolombiens, égyptien, dieux des éléments, de la nature, de la fertilité… Le Déluge est du reste un récit babylonien, déjà rapporté dans l’Épopée de Gilgamesh, 2600 BC. Une question importante est donc : comment est-on passé de la pluralité des dieux à l’érection d’un dieu comme le seul et l’Unique ? – des élohim, pluriel hébreu de eloah, à Allah. Comment le dieu tutélaire du groupe des Hébreux est-il devenu Le dieu ? Par quelle opération de pensée ?
On note d’emblée que cette réduction va de pair avec l’effacement de la figuration et du nom du dieu : il est Celui dont on ne doit ou peut pas prononcer le Nom… Il est irreprésentable, n’a pas de visage (ce qui paraît contradictoire avec le dit qu’il a créé l’homme « à son image », proposition anthropocentrée…) Dans le Judaïsme et l’Islam, Dieu n’est effectivement pas représenté, le siège de Dieu est vide, Il parle à travers le Buisson Ardent. Le Judaïsme ne nomme pas Dieu, autrement qu’en écrivant D.ieu ou disant Ioud Ké Vav Ké (pour ne pas dire YéHoVaH), ou Hachem (le Nom). C’est dans le Christianisme, Judaïsme hellénisé et romanisé (héritier des Esséniens et de Yohanan/John/Jean le Baptiste), que Dieu récupère une image… où Dieu est un anthropoïde/un hominoïde (… une image projetée de nous-mêmes, en plus grand, magnifiée).
Mais on assiste bien à un mouvement de réduction topologique à un point trou paradoxal enserrant le vide, pointant l’infini (une tentative de saisie symbolique d’un réel hors-forme, par delà l’imaginaire).