Episode #390: Vous avez dit pseudosciences?
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Jeremy et Jean-Michel discutent du concept de pseudoscience.
Sources citées :
https://plato.stanford.edu/entries/pseudo-science/
http://rationallyspeakingpodcast.org/show/rs94-maarten-boudry-on-philosophy-of-pseudoscience-reconside.html
Merci pour cette émission fort intéressante. J’aurais une question parce que vos explications concernant Popper m’ont interloqué : dire que « ce qui n’est pas réfutable relève de la pseudo-science », ça ne veut pas dire pour autant que « ce qui est réfutable relève de la science » ^^ Du coup je ne suis pas très convaincu par la contre-argumentation que vous avez présentée à ce critère. Y a-t-il des exemples d’hypothèses irréfutables qui ne soient pas pseudo-scientifiques ?
Bonjour Arnauld,
Je ne sais plus trop dans quel contexte nous avons dit ça.
Probablement que ce que je voulais dire est la chose suivante: tous les paradigmes scientifiques ont des hypothèses réfutables en principe, mais irréfutables en pratique. La raison en est que les scientifiques génèrent des hypothèses protectrices additionnelles pour protéger ces hypothèses centrales de la réfutation. Ces hypothèses sont cruciales pour le fonctionnement du paradigme en question, et du coup il sera toujours plus facile de postuler une erreur de méthodologie, un défaut des instruments, etc., plutôt que d’accepter que le résultat en question réfute réellement l’hypothèse centrale.
C’est pour cela que Kuhn parle de paradigme: les anomalies sont des choses qui devraient en réalité réfuter les hypothèses centrales du paradigme mais qui ne le font pas. Si tout va bien, les anomalies s’accumulent, jusqu’à provoquer un changement de paradigme. Mais donc chaque paradigme a des hypothèses « irréfutables » en son centre. Et on n’est pas certain que l’accumulation d’anomalies provoque nécessairement (rapidement?) un changement paradigmatique.
Un exemple classique en épistémologie est quand les physiciens ont postulé l’existence de la planète Vulcain pour protéger la physique newtonienne d’être réfutée. En réalité, ces résultats auraient dû réfuter la physique newtonienne, mais ce n’est pas ce qui s’est passé en pratique: les scientifiques ont émis une hypothèse protectrice (l’existence de la planète Vulcain) pour empêcher la réfutation. En réalité, ils avaient tort: il s’agissait bel et bien d’une anomalie. Lorsque la relativité générale a remplacé le paradigme de la la physique newtonienne, cette anomalie a put être expliquée… C’est un exemple tiré de l’histoire de la physique, considérée comme la science la plus « scientifique », du coup les épistémologues considèrent que l’on retrouve ces comportements dans toutes les sciences.
Désolé si je n’ai (peut-être) pas bien expliqué ce point dans l’épisode: il était déjà très long et en plus il y a eu des problèmes d’enregistrement. Du coup j’ai peut-être mieux expliqué ce point lors de l’enregistrement, mais cela a ensuite été mis à la poubelle (par moi-même) à cause d’une qualité sonore problématique… Mea culpa.
Si mes souvenirs sont bons (mais ça date), l’exemple de Vulcain est discuté par A.F. Chalmers dans « Qu’est-ce que la science? ».
Cordialement,
Jean-Michel Abrassart
Merci pour ces explications, mais je reste quelque peu gêné aux entournures par ce parallèles d’hypothèses irréfutables entre sciences et pseudo-sciences qui me semblent très différentes de nature.
Il me semble qu’on qualifiera d’irréfutable ou de prédiction ces hypothèses selon qu’elles s’avèrent juste ou erronées : ainsi la physique avait prédit l’existence du Boson de Higgs ou des ondes gravitationnelles, qui se sont vérifiées depuis, et qui restaient « irréfutables » en pratique entretemps. Ces hypothèses permettent de faire avancer la science dans la mesure où :
– si elles sont correctes, elles valident le modèle théorique
– si elles sont incorrectes ou supplantées par de meilleures, elle permettent un changement paradigmatique
Je note d’ailleurs au passage que nombre de physiciens espéraient ouvertement obtenir des résultats surprenants du LHC qui auraient permis de bouleverser le modèle standard, une posture qu’on est bien en peine de retrouver du côté des pseudo-sciences.
Il y a une excellente raison de chercher à « protéger » un paradigme, en cela qu’il a fait ses preuves et donc mérite le titre de connaissance (au sens « croyance vraie justifiée »), alors que les hypothèses ad hoc des pseudo-sciences ne viennent que protéger des croyances tout court.
Et de fait, l’hypothèse de la planète Vulcain a bel et bien été réfutée, et l’exemple me semble assez éloigné des hypothèses irréfutables qu’on trouve du côté des pseudo-sciences (qui justement se caractérisent par l’immuabilité de leurs théories, et pour cause, d’autant que celles là sont irréfutables en principe).
Enfin, pour ce qui est d’être en mesure de changer de paradigme rapidement, ça ne me semble pas une exigence pertinente, l’essentiel étant de pouvoir en changer tout court : c’est le modèle auto-correcteur qui fait la force de la science, que le processus prenne parfois du temps ne me semble pas un problème en soi.
Tout ça pour dire que je reste un peu… « sceptique » sur ces notions, mais peut-être est-ce là l’expression d’un biais de confirmation ou d’un « special pleading » de ma part ^^ Je vais me pencher sur les références que vous donnez pour en savoir plus.
Quoi qu’il en soit, merci encore ^^
Arnauld de La Grandière :
Le passage auquel tu fais référence fait lui même référence aux critiques qu’a essuyé Popper à son époque.
Une des critiques était effectivement que ses écrits sous entendaient que ce qui est réfutable relève de la science. Ce n’est pas moi qui l’ai inventé, et la contre argumentation n’est pas vraiment la mienne non plus. C’est simplement un argument historique. Il semblerait que certains défenseurs de Popper aie rétorqué que c’était mal comprendre le texte et que Popper sauf que Popper a rééexpliqué plus tard dans sa carrière que cet argument était pour lui suffisant pour définir la scientificité d’une approche (et pas juste un critère nécessaire parmi d’autres). Dans les derniers commentaires qu’il a tenu, il semble bien préciser que ce critère est suffisant (et que donc ce qui est réfutable est scientifique ! )
C’est expliqué en détail dans la Stanford Encyclopedia of Philosophy. Voici le passage exact :
« Defenders of Popper have claimed that this criticism relies on an uncharitable interpretation of his ideas. They claim that he should not be interpreted as meaning that falsifiability is a sufficient condition for demarcating science. Some passages seem to suggest that he takes it as only a necessary condition (Feleppa 1990, 142). Other passages suggest that for a theory to be scientific, Popper requires (in addition to falsifiability) that energetic attempts are made to put the theory to test and that negative outcomes of the tests are accepted (Cioffi 1985, 14–16). A falsification-based demarcation criterion that includes these elements will avoid the most obvious counter-arguments to a criterion based on falsifiability alone.
However, in what seems to be his last statement of his position, Popper declared that falsifiability is a both necessary and a sufficient criterion. “A sentence (or a theory) is empirical-scientific if and only if it is falsifiable.” Furthermore, he emphasized that the falsifiability referred to here “only has to do with the logical structure of sentences and classes of sentences” (Popper [1989] 1994, 82). A (theoretical) sentence, he says, is falsifiable if and only if it logically contradicts some (empirical) sentence that describes a logically possible event that it would be logically possible to observe (Popper [1989] 1994, 83). A statement can be falsifiable in this sense although it is not in practice possible to falsify it. It would seem to follow from this interpretation that a statement’s status as scientific or non-scientific does not shift with time. On previous occasions he seems to have interpreted falsifiability differently, and maintained that “what was a metaphysical idea yesterday can become a testable scientific theory tomorrow; and this happens frequently” (Popper 1974, 981, cf. 984). »
https://plato.stanford.edu/entries/pseudo-science/#KarPop
Merci Jérémy :)
Je ne suis pas « marié » à Popper donc je suis tout à fait d’accord sur la critique concernant l’affirmation « ce qui est réfutable est scientifique », qu’on peut donc abandonner sans souci. Mais je continue de penser que « ce qui n’est pas réfutable n’est pas scientifique » reste valable, surtout si c’est dans le principe même ^^
Je suis assez d’accord mais, à nouveau, où est la frontière entre ce qui est réfutable ou pas quand on parle de « proto sciences », de théorie des cordes, théorie des mondes parallèles. Une théorie peut être réfutable dans 20 ans mais pas aujourd’hui car on n’a pas encore les moyens techniques pour le faire.
Est ce scientifique ou pas? Car c’est probablement réfutable… Mais pas aujourd’hui?
c’est bien pour ça que je fais la distinction entre ce qui est temporairement irréfutable dans la pratique (d’autant que ça a été le cas d’hypothèses depuis vérifiées, ça serait ballot de les jeter à la poubelle juste pour ça ^^), et les hypothèses irréfutables dans leur principe même qui me semblent systématiquement relever de la pseudo-science (enfin c’est nécessaire mais pas suffisant, par exemple le dualisme n’a pas toujours des prétentions relevant du domaine scientifique)
un autre élément qui me semble également faire une franche séparation entre les deux, c’est que dans le cadre scientifique les hypothèses en attente d’être validées ne sont pas tenues pour acquises pour autant, contrairement à ce qu’on en fait dans le domaine des pseudo-sciences
Aux alentours de 35 minutes il y a un problème dans le raisonnement. Si on dit « ce qui n’est pas réfutable n’est pas scientifique », il y a une erreur logique à en déduire « si on applique ce critère, ce qui est réfutable est scientifique » et à donner des exemples de choses réfutables et non scientifiques pour rejeter ce critère.
Quand A implique B, non A n’implique pas non B (https://fr.wikipedia.org/wiki/Non_sequitur). Si je dis « Si le sol est sec c’est qu’il ne pleut pas », tu ne peux pas réfuter cette affirmation en disant « ben non regarde, si j’arrose le sol il va être mouillé, alors ça marche pas ». ça relèverait du non sequitur
Bonjour Irène. Cela rejoint ce que j’ai répondu plus haut à Arnauld. C’est un argument que Popper lui même a tenu et il a été critiqué mais il semble que Popper l’a pourtant maintenu. Je suis d’accord que c’est une erreur mais elle a bien eu lieu historiquement et c’est pour ça que j’en ai parlé (pas parce que c’est « juste »). Cordialement
Bonjour tout le monde,
Merci pour la discussion.
Je ne suis pas certain de comprendre tous les arguments proposés, mais voici mon impression générale (en réponse un peut à tout ce que je lis ici): certains essaient de « sauver » le critère de la réfutabilité en le complexifiant.
Bien entendu, cela a été tenté par les épistémologues, et certains défendent encore aujourd’hui cette position! On parle de réfutabilité naïve pour l’application basique du critère de la réfutabilité, tel qu’on peut le trouver au départ chez Popper.
Certains philosophes (comme j’ai l’impression certains contributeurs ici) ont par la suite essayé de complexifier ce critère pour le faire correspondre plus à la réalité de ce qui est observé effectivement dans la pratique des scientifiques, suite aux critiques de Khun et Lakatos (et d’autres).
Personnellement je n’ai pas assez lu sur le sujet pour avoir un avis tranché sur la question. Il est peut-être possible de complexifier le critère de réfutabilité pour le faire fonctionner comme critère valide de démarcation. Il faudrait se plonger dans la littérature spécialisée pour se faire une opinion claire sur le sujet. Tout ce que je peux dire à ce stade de mes connaissances (pour rappel: mon dada c’est la philosophie japonaise, pas l’épistémologie) c’est que cette solution au problème de démarcation fait débat chez les spécialistes, comme toutes les solutions (absence de consensus sur ce que serait la « bonne solution » à l’heure actuelle)
Cordialement,
Jean-Michel
Le propos n’est pas tant de ‘sauver » le critère de réfutabilité que de dire qu’il n’est absolument pas mis à mal en réfutant son opposé (à savoir : réfuter que « ce qui est réfutable est scientifique », ça n’est pas réfuter que « ce qui est irréfutable n’est pas scientifique »).
Et il faut bien s’entendre sur ce qu’on qualifie d’irréfutable ou non : le boson de Higgs et les ondes gravitationnelles sont restés irréfutables en pratique durant un certain temps, mais ils se sont avérés être des prédictions correctes, et donc scientifiques, qui ont pu être vérifiées.
En revanche, ce qui est irréfutable par nature, et non faute de moyens techniques, me semble hors de la science et propre à la pseudo-science.
Bonjour Arnauld,
« En revanche, ce qui est irréfutable par nature, et non faute de moyens techniques, me semble hors de la science et propre à la pseudo-science. »
Je pense que si la solution au problème de la démarcation était aussi simple, les épistémologues l’auraient trouvé depuis bien longtemps…
Je peux voir des pseudo-sciences qui sont « irréfutables par nature ». Par exemple, le discours quantox de Deepak Chopra…
Mais par contre, en quoi est-ce que les affirmations suivantes seraient « irréfutables par nature »?
– Les ETs ont aidé les anciens égyptiens à construire les pyramides (pseudo-archéologie);
– La Terre n’a que 6000 ans (créationnisme terre-jeune);
– Il est possible de détecter les mensonges en observant les mouvements des yeux (PNL);
– Le comportement humain est influencé par la position des astres dans le ciel (astrologie);
-etc.
Toutes ces disciplines font des affirmations qui ne sont pas « irréfutables par nature ». Au contraire, je pense que le problème est que bien souvent elles ont été réfutées par la science! Ce dont nous avons discuté dans le podcast d’ailleurs…
A l’inverse, la philosophie (une non-science) fait beaucoup d’affirmations « irréfutables par nature », comme par exemple « violer est mal ». Il n’est pas possible de faire une expérience scientifique qui prouve empiriquement un jugement de valeur comme le fait qu’une action donnée soit éthiquement mauvaise.
Du coup, avec ton critère, tu mets la philosophie (et le Droit, etc.) dans les pseudosciences et plein de choses considérées comme des pseudosciences dans la science. D’ailleurs, je pense que le critère « ce qui est irréfutable par nature me semble hors de la science » est un bon critère pour distinguer la non-science de la science, bien plus que la pseudo-science de la science.
Cela ne te permet au final de mettre que les discours « technoblabla » de Deepak Chopra dans la bonne catégorie. C’est déjà ça! Je suis d’accord… Mais on voit bien que ce n’est pas un critère suffisant, très loin de là. Et c’est très exactement ce que l’on a expliqué dans l’épisode du balado…
Cordialement,
Jean-Michel
Oui, j’ai moi-même souligné dans un commentaire précédent que le critère n’était pas suffisant : il faut en outre que la « discipline » ait des prétentions sur le réel (ce qui n’est pas le cas des non-sciences).
Il n’y a pas que le bullshit pseudo-profond de Deepak Chopra (et consorts) qui entre dans cette catégorie, je peux également penser, de manière plus générale, à toute la pensée dualiste qui ne s’affirme pas comme croyance mais comme connaissance (et ça fait un paquet de trucs ^^), et on pourrait sans doute en trouver d’autres. Mais il me semble que TOUTES les disciplines ayant prétention sur le réel qui tiennent des hypothèses irréfutables par nature sont des pseudo-sciences (et vu la complexité à catégoriser que vous soulignez dans le podcast, ça n’est pas rien de pouvoir tenir cela pour acquis ! ^^)
Pour ce qui est des exemples que tu donnes et qui sont réfutables et réfutés, justement, ils sont réfutés ;) leur persistance ne tient qu’à l’entêtement et au biais de confirmation de leurs adeptes qui sont réduits aux sophismes.
On peut donc ajouter cette catégorie aux pseudo-sciences : les disciplines ayant prétention sur le réel dont les hypothèses ont été réfutées mais qu’elles persistent à soutenir.
Il reste la catégorie des disciplines ayant prétention sur le réel dont les hypothèses sont réfutables mais en attente de pouvoir être vérifiées, et pour celles là le temps permettra de les faire basculer soit du côté de la science, soit du côté des pseudo-sciences si elles persistent à les soutenir après réfutation (ou si elles tiennent leurs hypothèses pour acquises avant qu’elles aient pu être validées).
Ça me semble tout de même pas mal éclaircir le tableau ^^
Bonjour Arnauld,
Désolé, mais je répondais à un commentaire où tu affirmais ne pas vouloir complexifier le critère de Popper pour le sauver (tu écrivais « Le propos n’est pas tant de ‘sauver” le critère de réfutabilité que de dire qu’il n’est absolument pas mis à mal en réfutant son opposé »). Puis ensuite tu m’écris en réponse un long commentaire où tu m’expliques les complexifications du critère que tu proposes pour le sauver! Tu ne peux pas affirmer une chose tout en faisant l’autre…
Bref, deux réponses: a. si tu défends réellement le critère sans complexification (« réfutabilité naïve »), non, cela ne tient pas la route et b. si tu complexifies le critère pour tenter de la sauver, mon commentaire précédent ici répondait à cette proposition. En résumé: certains philosophes on tenté cette manière d’aborder le problème, mais cela ne fait pas consensus chez les épistémologues.
Au final, tu sembles très convaincu par tes propositions, mais à moi (en tant que simple lecteur de celles-ci) elles me semblent très en accord avec tout ce que nous avons raconté dans l’épisode (par exemple le critère de Popper ne suffit pas: il faut au moins lui ajouter le critère de « la discipline ne prétend pas être une science », etc.).
Après, si tu penses vraiment avoir trouvé la solution au problème de la démarcation, il faut que tu écrives un article sur le sujet et que tu le soumettes à une revue de philosophie à comité de lecture, en anglais de préférence. C’est comme cela que la philosophie (et la science) progresse…
Cordialement,
Jean-Michel
Si le critère n’est pas suffisant, il faut nécessairement lui en adjoindre d’autres, ça ne me semble pas un problème en soi (il n’y a pas de « règle » qu’il l’interdise pour que celui-ci soit valable, n’être pas suffisant ne veut pas dire n’être pas nécessaire). Par contre, dire qu’il faut le complexifier pour le « sauver » me semble une manière biaisée de présenter les choses, dans la mesure où l’argument qui a été présenté contre lui était en réalité un argument contre son opposé, alors que le critère d’irréfutabilité n’a en réalité pas été traité en lui-même. Nul besoin de sauver ce qui n’a pas été effectivement remis en question ^^
Ça n’est pas tant que je sois convaincu, mais plutôt que je ne suis pas convaincu de la mise à mal du critère d’irréfutabilité, et où je ne vois pas de contre-exemple invalidant : il ne me semble pas y avoir de sciences qui soient basées sur des hypothèses irréfutables dans leurs concepts même, et toutes les disciplines à prétentions scientifiques qui sont basées sur des hypothèses irréfutables par nature me semblent être des pseudo-sciences. Ce qui ne veut pas dire que cela permet de déterminer tout ce qui relève de la science ou des pseudo-sciences, mais ce qui permet néanmoins d’en identifier une certaine quantité de manière probante. J’ai demandé s’il y avait des contre-exemples de cela, ce qui pourrait l’invalider comme critère, mais il semble qu’on s’entende sur la question.
Je n’ai pas la prétention de faire avancer la philosophie (surtout que je ne risque pas de gagner un Nobel de philosophie ;) ) ni de faire la nique à plus brillant que moi, au contraire je demande des précisions pour ma gouverne personnelle dans la mesure où vous semblez dire qu’il n’y a pas réellement de moyen objectif et incontestable de faire une nette séparation entre sciences et pseudo-sciences. S’il n’y a pas d’argument invalidant les critères tels que je les présente, comment peut-on l’affirmer ?
Juste un petit point (je tiens à préciser que je ne suis absolument pas poppérien): pour Popper, ce qui est scientifique, c’est ce qui est réfutable et pas réfuté (il y a 2 critères). Le problème vient plutôt de la manière de réfuter: on peut par exemple prendre les réfutations qu’a affronté la théorie de l’héliocentrisme, et qui concernait la taille des planètes dans le ciel: si les planètes tournaient autour du soleil, elles devaient être plus ou moins grosses à différents moments de l’année. Or, ce n’est pas ce qu’on observait à l’époque. Le problème venait en fait de l’observation qui était faite: la précision de la mesure (à l’œil nu à l’époque je crois) ne permettait pas de voir cette différence. Du coup, si on écoute Popper, la théorie de Galilée aurait dû être mise à la poubelle parce que réfutée. Or, cela n’est pas souhaitable, et ce n’est pas comme cela que fonctionne concrètement la science. Si j’ai d’autres remarques, je le ferai dans un autre commentaire ce sera plus lisible :)
Merci pour l’épisode !
J’aurais aimé un petit mot sur le bayésianisme, qui permet justement de faire des inférences – bayésiennes donc – sans se limiter aux cas absolus VRAI ou FAUX, et qui tient la corde aujourd’hui en philosophie des sciences :
https://www.quantamagazine.org/physicists-and-philosophers-debate-the-boundaries-of-science-20151216/
Bonjour Maxime,
Merci du feedback!
On en a parlé dans d’autres épisodes, et nous reviendrons certainement sur le sujet dans le futur…
JM
Super ! Si vous aviez quelques pointeurs, je suis preneur, la recherche de « bayésianisme » ne donne rien, et j’ai découvert le podcast quand il y avait déjà plus de 300 épisodes.
Félicitations pour tout ce que vous faites !
Bonjour Maxime,
Je dois confesser que je ne sais plus trop moi-même… En effet, nous n’avons pas consacré un épisode spécifiquement à ce sujet. Il faudrait peut-être voir dans les épisodes consacrés à la thèse mythiste? En effet, l’historien Richard Carrier en parle dans son excellent ouvrage: « Proving History: Bayes’s Theorem and the Quest for the Historical Jesus ». Je te recommande de le lire si ton anglais te le permet… Il explique très bien le bayésianisme philosophique appliqué à l’histoire. C’est ce que j’ai évoqué dans un épisode ou l’autre, du coup si ton anglais te le permet, tu peux remonter directement à la source! Au sinon, on évoquera certainement le sujet dans un épisode futur… Désolé. Avec pratiquement #400 épisodes, je ne sais plus moi-même quand on a parlé de quoi si ce n’est pas dans le titre de l’épisode…
Cordialement,
JM
Oh non, comme si j’avais pas déjà des tas de bouquins qui attendent sagement dans ma wishlist, un de plus ;-) !
Un des meilleurs épisodes (parmi la vingtaine que j’ai écoutés) jusqu’ici ! Je trouve ça super de remettre un peu de contexte et de définitions dans ce concept qui parfois est employé à tort, ou tout simplement comme argument sans aller plus loin : « ça c’est de la pseudoscience donc bullshit » sans forcément avoir de quoi appuyer cette affirmation…
Merci à toi !