Épisode #305: L’Ecole de Massorelaxation et la zététique

 

Jeremy Royaux interview Marie-Christine Hauet, fondatrice de l’Ecole de Massorelaxation, un courant de massage holistique avec une charte zététique.
site de l’école de Massorelaxation à Toulouse
site de Skeptics in the Pub Paris dont on fait la pub en fin d’épisode

2 réponses
  1. Nelly
    Nelly dit :

    Bonjour,

    J’ai découvert il y a quelques mois votre balado et cet enregistrement est le premier que j’ai écouté. J’ai été assez surprise concernant son contenu et après avoir hésité à laisser un commentaire, je me décide finalement aujourd’hui à le faire. Depuis j’ai écouté un certain nombre de vos enregistrements, j’apprécie beaucoup votre travail et recommande volontiers votre balado.

    Mon commentaire à teneur critique portera donc uniquement sur cet enregistrement précis et sur la pertinence de sa place sur un balado de la science et de la raison sans mention particulière, et non pas sur vos enregistrements de manière générale bien sûr, ni sur la pratique de la masso-relaxation.
    Selon moi, ce podcast ne permet pas de se faire une idée objective concernant la masso-relaxation, et ne me rassure pas vraiment quand on au statut épistémologique et scientifique de ce courant. Effectivement certaines caractéristiques fréquentes des pratiques de soins non conventionnels ne semblent pas se retrouver ici, et c’est tout à l’honneur de l’intervenante : je n’ai pas relevé par exemple d’appel à des entités immatérielles, d’emprunts conceptuels à des courants spirituels, vitalistes ou religieux, ni de prétentions thérapeutiques extra-ordinaires concernant l’efficacité de la technique, et c’est déjà une bonne chose. De là à pouvoir considérer cette approche, à partir des informations données ici, comme une approche « rationnelle », « adossée aux sciences » (qualificatifs employés dans le podcast), il y a un pas que je ne suis pas prête à franchir. Voici les 2 principaux éléments étayant mon positionnement :

    * les affirmations de type scientifique en santé sont de différents types. Certaines concernent l’efficacité de méthodes (la thérapeutique), d’autres l’aspect diagnostique, préventif etc. Toutes cependant se doivent d’être vérifiées. La masso-relaxation est présentée comme n’ayant pas de prétention thérapeutique, ce qui la distinguerait des « pseudo-thérapies ». Cependant, elle a d’autres prétentions méritant une vérification : sa gestuelle permettrait d’emmener « la détente, la relaxation », la « diminuation du stress ». Or des outils existent pour évaluer ces paramètres et savoir si la technique utilisée est plus efficace qu’une autre. Malheureusement, à aucun moment n’est évoqué dans l’enregistrement l’existence d’études réalisées sur le sujet (ou a minima la volonté d’en réaliser). Le fait que la masso-relaxation n’ait pas de prétention thérapeutique (et cela se discute d’ailleurs concernant son action hypothétique sur le stress par exemple) ne l’abstient pas pour autant de devoir se soumettre à la vérification de ses autres prétentions. De manière plus globale, je m’interroge quand à la pertinence d’un point de vu conséquensialiste de mener des études pour trouver les meilleures méthodes permettant de détendre et relaxer les « clients en bonne santé », mais cette remarque dépasse le cadre de mon commentaire.

    * Le fait que l’apprentissage d’une technique repose sur une importante formation en anatomie et physiologie humaine, basée sur les connaissances actuelles, n’est pas un gage d’efficacité de la technique. L’ostéopathie en est une bonne illustration : le volume horaire d’enseignement de ces matières dans les écoles d’ostéopathie est colossal, souvent supérieur à celui retrouvé dans les écoles de kiné ou à la fac de médecine ; pourtant, les preuves de l’efficacité spécifique des techniques ostéopathiques sont très maigres pour ne pas dire inexistentes. Il est dit dans le balado que les connaissances approfondies en anatomie dispensées dans les cours de masso-relaxation permettent d’éviter une « gestuelle approximative », « brutasse » et permettent au contraire de développer « la dextérité », « le sens kinésthésique » ; que l’on ressent la différence entre « un geste structuré par rapport à l’anatomie » et un « geste structuré par des croyances ». Il s’agit de paramètres potentiellement évaluables mais qui ne sont pas gages d’efficacité spécifique de la technique sur la diminution du stress par exemple.

    D’autres éléments pourraient être relevés (concernant notamment le positionnement bi-standard de l’intervante à plusieurs reprises) mais je pense avoir exposé les points m’ayant fait le plus tiqué. Je reste par ailleurs convaincue de la bonne foi de la praticienne interrogée et je comprends les difficultés qu’elle doit rencontrer au quotidien auprès de patient.e.s très demandeurs et demandeuses « d’exotisme », étant confrontée tous les jours à cela (j’exerce en tant que kinésithérapeute). Mais ici il s’agissait de rendre compte d’une pratique sur un balado qualifié « de la science et de la raison », et donc selon moi de faire preuve de plus de rigueur.

    Au plaisir de vous écouter bientôt,

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