Épisode #268: Inégalités de revenus salariaux hommes/femmes

Jean-Michel Abrassart et Thomas Guiot discutent des articles « Non, les femmes ne gagnent pas moins que les hommes » (Christina Hoff Sommers) et « C’est un fait que les femmes gagnent moins que les hommes. Arrêtez de discuter » (Huffington Post).

4 réponses
  1. bugin
    bugin dit :

    Stéphane Molynieux est bien connu pour être un ultra-libéral. Ses propos sont TRÈS intéressé et loin d’être impartiaux ou objectif.

  2. Xavier
    Xavier dit :

    Salut !

    J’ai un problème au niveau de la méthodologie.
    Partant du principe qu’il y a une différence de salaire (ce que tout le monde admet), l’opposition consiste à dire : éliminons les facteurs qui ne sont pas relevant. Et au final on a plus de différence.

    OK. Mais est-il vraiment pertinent de nivelé toutes les différences ? En ce sens qu’il me semble assez normal que lorsque l’on a supprimé toutes les différences entre 2 groupes, il ne reste rien…

    Par exemple, il est dit qu’une partie des différences salariales proviennet d’une différence de la compétence de négociation du salaire. Cette différence est estimée puis on l’enlève de l’équation. Il ne me semble pas que l’on s’attaque du tout au problème de la sorte.

    Alors oui, les causes sont peut-être sociale, etc. Mais il me parait un peu léger de procéder de la sorte.

  3. admin
    admin dit :

    Bonjour Xavier,

    « Il ne me semble pas que l’on s’attaque du tout au problème de la sorte. »

    La question consiste selon moi à identifier l’étendue de l’écart, puis à identifier les variables qui le génèrent. Ensuite, on peut en âme et conscience poser des jugements de valeurs pour évaluer si ce sont des problèmes ou non.

    Or, quand on dit par exemple l’« inégalité de revenus salariaux hommes/femmes est générée par la discrimination sexiste envers les femmes », je ne pense pas que les gens traduisent dans leur tête une telle affirmation par « cette inégalité est générée par une différence homme/femme de la compétence de négociation du salaire ». Ce que l’on met généralement derrière « discrimination sexiste » est, me semble-t-il, une attitude sexiste de l’employeur envers un employé (féminin par exemple). C’est assez différent!

    J’aurais tendance à penser que la discrimination d’un employeur envers un type d’employé (par exemple un boss qui paie systématiquement moins ses employés maghrébins ou refuse de donner une promotion à un employé juif) est extrêmement problématique (et c’est peu dire)! C’est clairement du racisme dans le cas des origines ethniques et du sexisme si ce comportement vise une femme ou un homme ou quelqu’un avec un genre intermédiaire si ce comportement est motivé par le genre en question de l’individu.

    Si la différence s’explique par un trait de personnalité, on est selon moi dans un cas de figure très différent. On me rétorquera certainement que cela reste un problème. OK, peut-être, mais cela n’en est pas moins dès lors un problème très différent. Généralement on justifiera le fait que c’est un problème parce qu’on postule que c’est une différence dans les traits de personnalité générée par la culture (patriarcale). Peut-être, mais « une différence de la compétence de négociation du salaire » pourrait très bien avoir une origine biologique. Imaginons que cette différence de « compétence » est en réalité une différence dans l’agressivité. Or, les hommes, pour des raisons biologiques, sont plus agressifs. Est-ce que cela reste à ce moment-là un « problème » (pour certains féministes, la masculinité semble effectivement un « problème » qu’il faudrait résoudre)? J’ai honnêtement un peu de mal avec ça.

    Lutter contre la discrimination (que ce soit le racisme, le sexisme ou un autre type d’injustice), on est bien d’accord, c’est très important. Mais si le problème provient de traits de personnalité qui peuvent s’expliquer en partie par une origine biologique, je trouve cela plus problématique. Je comprends bien que certains voudront dire qu’il faut « changer » la culture pour la rendre moins patriarcale, et que cela aura (peut-être) pour effet de rendre les femmes plus « agressives » (plus masculines?) ce qui aura par ricochet l’effet de diminuer la différence de la compétence de négociation du salaire. Mais de telles tentatives de manipulation de la culture me semblent problématique. Je ne suis pas forcément contre, mais c’est quelque chose qui est beaucoup moins auto-évident que la lutte contre la discrimination.

    Ceci dit, je spécule beaucoup sur l’explication derrière cette « différence de la compétence de négociation du salaire ». C’est juste pour montrer qu’il est important d’étudier scientifiquement ces variables et d’identifier les chaînes de causalité. Si effectivement, comme je le suppute, on pourrait être devant un effet biologique (les hommes sont « naturellement » plus agressifs), cela change la donne et je ne suis alors plus convaincu que ce soit un « problème » contre lequel il faille lutter, parce que je ne pense pas qu’il faille pathologiser la masculinité.

    Bref, rien n’est clair, tout est compliqué. Je suis juste pour qu’on éclaircisse ces questions, plutôt que poser des jugements de valeurs sur des informations parcellaires (ou pire simplistes, parce que fondée sur des convictions idéologiques plus que sur ce que la science peut nous en dire). Et je suis bien entendu pour qu’on lutte contre la discrimination raciste ou sexiste, mais une différence de compétence de négociation du salaire ne me parait pas de manière auto-évidente relever de la discrimination. Et comme je l’ai déjà dit, je suis contre le fait qu’on pathologise la masculinité.

    Cordialement,

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